top of page

Orphans, 2024-en cours

encre et transfert sur papier, dimensions variables, vidéo, voix off

Questionner, raconter, ouvrir les voix et libérer une parole souvent empêchée face à la mort. Ne peut-on pas mieux se préparer à la perte d’un parent, on prépare bien l’arrivée d’un enfant ? 

« Que vais-je faire de la mort de mon père ? » Passée la violence de la disparition, passée la sidération, reste l’impossibilité de faire face à ce vide. J’avais 35 ans, j’étais maman, et j’étais une petite fille qui avait perdu son papa. Mais comment dit-on orphelins pour les grands ?. Ce qui était jusqu’alors une abstraction, un concept, était désormais devenu ma réalité. La mort. Je me sentais porteuse d’un savoir sans rien y comprendre. Aussi je pensais à mes proches qui avaient déjà vécu ce deuil-là comme une communauté qui pouvait comprendre. Comment survivaient-ils à la perte d’un parent ? Est-ce qu’ils avaient appris à vivre avec ce vide toujours en creux ? Se sentaient-ils eux-aussi un peu redevenus enfants ? Se sentaient-ils orphelins ? J’ai commencé à recueillir le témoignage de ces adultes orphelins et à enregistrer nos échanges, pour me reconnaitre dans la douleur des autres comme si leurs mots pouvaient nommer mon vide. Je leur propose de raconter ce lieu qui ne ressemble à aucun autre. Cette béance dont on parle si peu. Parce qu’on pense peut être qu’en la taisant elle se fera plus discrète. 

Leur récit m’a permis d’établir le deuil comme un principe de métamorphose, un processus organique paradoxalement très vivant. Le deuil comme un nouvel état d’être au monde. En travaillant en couches successives et surimpression je souhaite traduire visuellement cette matière mouvante, inhérente au processus de deuil. Dans un second temps, je souhaite réfléchir le projet comme une installation mêlant portraits filmés et voix off. Avec l’idée de transformer l’absence en beauté, et remettre la mort au centre de la vie.

bottom of page